LE DELATEUR & LE JOURNALISTE

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En rédigeant ce titre, j’ai failli écrire: le délateur est le journaliste, mais finalement, serait-ce tant que ça une erreur?

J’ai connu une époque qu’on dira bénie où l’anonymat et la délation étaient encore marqués du sceau de l’infamie: le poids de l’occupation des troupes hitlériennes sur le territoire français pesait encore et l’on savait qu’on devait à ces deux pestes, l’anonymat et la dénonciation, le bon fonctionnement de l’administration nazie en France. Car, sans la lettre anonyme qui attire l’attention du soldat venu de sa Germanie nationale-socialiste, comment ce dernier aurait-il pu savoir qui, dans un village, était juif, qui communiste, qui franc-maçon, qui homosexuel ou qui résistant? L’occupation nazie fut bien souvent forte de la faiblesse des Français ayant donné leurs compatriotes.

L’idéologie a pu compter un peu, mais à la marge là où les passions tristes ont souvent fait la loi: la jalousie, l’envie, la haine, la détestation, l’antipathie, le ressentiment personnels de son prochain ont bien plutôt été les moteurs de ces dénonciations. Le pauvre dénonce le riche, le laid dénonce le beau, le vieux dénonce le jeune, le méchant dénonce le bon, le raté dénonce le prospère, le terne dénonce le brillant, le contrefait sans copine dénonce le libertin couvert de femmes, il y a aussi la femme qui dénonce son mari pour disposer pleinement de son amant et l’homme qui agit mû par les mêmes espoirs, les héritiers qui dénoncent le grand-père qui tarde à clamser, les acheteurs en viager qui précipitent le propriétaire de la maison qu’ils convoitent, les mauvais élèves qui font payer à l’instituteur une mauvaise note jadis infligée, une ancienne maîtresse ou un ancien amant qui font payer une vieille rupture.

Après guerre, on fit silence sur ce qui fut: les choses auraient été impossibles si l’on avait désigné pour...

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