Michel Onfray : « Je m’étonne que d’aucuns puissent encore refuser de parler de guerre de civilisation ! »
La Stampa : Quelles sont les racines de l’antisémitisme qui a explosé en France et en Europe après le 7 octobre ? Il s’agit d’un phénomène latent dans la société ou plutôt d’une nouvelle vague d’haine arrivée après l’attaque de Hamas à Israël ?
Michel Onfray : C’est à l’évidence le coût d’un demi-siècle de naïveté universaliste européiste. L’Europe maastrichienne croit qu’il n’y a ni groupes, ni masses, ni tribus, ni communautés, ni identités, ni nations donc, mais seulement des individus atomisés, des consommateurs, qui vivent les uns à côté des autres, mais jamais les uns avec les autres. Cette façon de vivre à côté a créé des agglutinations communautaristes qui revendiquent toujours plus de droits pour eux, certes, mais aussi et surtout contre autrui. Le refus de souscrire aux thèses du choc des civilisations, au prétexte qu’y souscrire serait les créer, a laissé prospérer pendant tout ce temps-là tout ce qui rend possible ce choc des civilisations.
L’islam n’est pas soluble dans le judéo-christianisme par sa haine structurelle des Juifs – lire ou relire le Coran, les Hadiths et la Sîra – mais il refuse également une terre au peuple Juif. Le pogrom du 7 novembre a libéré en France ceux qui, Français ou vivant en France, ont pour patrie une Palestine fantasmée par le militantisme antisioniste.
La Stampa : Dans quelle partie de la société cet antisémitisme s’exprime-t-il le plus en Europe ?
Michel Onfray : Dans ce peuple dans le peuple qui refuse l’assimilation républicaine française et entend d’abord vivre contre les principes du peuple hospitalier en appliquant des principes tribaux inséparables du patriarcat, de la phallocratie, de l’homophobie, de la misogynie, de l’antisémitisme donc, d’une religion pour laquelle ce qui est écrit et pensé au VII° siècle de l’ère chrétienne doit pouvoir être vécu à la lettre dans un siècle qui engage sa transition transhumaniste avec le...