Benoît XVI, un pape européen
1) Que pensez-vous du Pape Benoît ? En tant que personnage, intellectuel, homme...
Il se pourrait que ce soit le dernier pape européen, à l'ancienne, formé à la philosophie allemande et à l'herméneutique qui l'accompagne. Philosophe, théologien, polyglotte, mélomane et pianiste, il avait, bien sûr, le sens de l'histoire, de l'esthétique classique, de l'humanisme chrétien. Les deux tomes de son Jésus concentrent plus d'un demi-siècle de pensée d'un homme qui semblait avoir tout lu de la philosophie et de la théologie nécessaires à ce genre d'œuvre.
Il a connu le nazisme, les totalitarismes rouges et bruns du XXème siècle, il a fait face au nihilisme de ce même siècle et son grand âge lui a permis d'assister à la montée du national-socialisme et à l'effondrement de l'Europe gangrénée par la déconstruction et le wokisme américain.
Il est aussi un homme double car, d'une part, il a œuvré à Vatican II, le Mai 68 de l'Église qui réduit la puissance de la transcendance au profit de l'immanence, d'autre part, devenu Pape, il a donné l’impression de lutter contre ce qu'avait permis Vatican II, à savoir une réduction du christianisme à une morale moralisatrice et ce sans jamais revenir franchement sur cette rupture.
Il n'est pas impossible que sa démission trouve son explication dans cette contradiction : peut-être a-t-il constaté que les Écuries d'Augias étaient de ce fait devenues impossibles à nettoyer ! Le balai devenu fou de l'apprenti sorcier était devenu impossible à arrêter...
2) À Ratisbonne, le pape a attaqué l'islam et défendu l'héritage gréco-judéo-chrétien. Il a été laissé seul par les élites occidentales et agressé par les islamistes, qui ont répondu en tuant des chrétiens. Pourquoi ?
Attaqué ? Il faudrait s'entendre sur ce terme... Il a dit en substance que la violence est consubstantielle à l'islam : est-ce une attaque ou un constat...