LA MÉTHODE INSURRECTIONNELLE
Sous le signe de La Boétie
Pendant longtemps, la politique s’est appuyée sur la théocratie – le pouvoir de Dieu. Le compagnonnage entre les rois et les prêtres est vieux comme le monde. Quand les dieux parlaient c’était bien évidemment le clergé qui prétendait avoir l’oreille pour entendre ces voix réductibles à leurs chuchotements. Quand Dieu a remplacé les dieux, le schéma n’a pas changé: on est passé de plusieurs donneurs d’ordres à un seul, mais le clergé associé aux rois pour constituer la classe dominante a continué d’imposer sa loi au peuple. La classe intermédiaire des guerriers veillait à ce qu’il ne vienne pas à l’idée des gouvernés de vouloir décider par eux mêmes, pour eux-mêmes… Le peuple? Voilà l’ennemi de tous les gouvernants.
Le schéma trifonctionnel (roi et clergé / soldats et militaires / producteurs et peuple) a été analysé dans l’Histoire par Georges Dumézil. Il est bien évident que ce schéma perdure mais que la caste des prêtres, en temps de nihilisme religieux, a été remplacée par celle des journalistes qui constitue la caste sacerdotale pour une grande part.
L’éviction des dieux commence avec les philosophes matérialistes de l’antiquité. Il reste hélas peu de choses de la politique d’Epicure, les textes ont été détruits par le judéo-christianisme. Mais il demeure l’essentiel: une philosophie du contrat social. La politique est pour le philosophe des atomes une affaire entre les hommes sans que les dieux n’aient à s’en soucier. Dans l’une des Maximes capitales, Epicure parle d’un «contrat sur le point de ne pas se faire tort mais de n’en pas subir non plus» (XXXII). Il ne s’agit plus d’une contrat théocratique qui déciderait des relations des hommes entre eux via le divin, mais d’un contrat laïc qui concerne les hommes et rien qu’eux.
Il existe peu de...