LA COMPRENETTE GERMANOPRATINE
Libération publie un immodeste "L'appel des artistes". La chose pouvait être en effet plus modestement annoncée comme "un appel d’artistes", ça suffisait bien: l’universel n’est pas de rigueur quand un abrégé s’exprime. Ce mélange de gauche caviar et de gauche mondaine, de gauche urbaine et de gauche pétitionnaire, de gauche maastrichienne et de gauche des beaux quartiers, de gauche Libé et de gauche France-Inter, de gauche dite intellectuelle et de gauche opportuniste, découvre six mois plus tard l’existence du mouvement des gilets-jaunes! Mazette, quelle vitesse de la comprenette chez ces "créateur.trice.s" (sic) avec pour navire amiral Emmanuelle Béart, experte en gilets.jaunes, elle a bien connu Galinette qui était l’un d’entre eux chez Pagnol!
Ces précurseurs du passé pourront se réclamer de l’adage voulant qu’il n’est "jamais trop tard pour bien faire"! Pour ma part, je ne souscris pas à cette sentence, car, oui, il peut être parfois trop tard pour bien faire: je songe, par exemple, aux communistes qui (hormis deux ou trois électrons libres en leur temps, et qui furent désavoués par le Parti…) ont bien résisté, mais seulement après le Pacte germano-soviétique qui les a fait collaborer pendant presque deux ans avant qu’Hitler ne prenne l’initiative de rompre seul ledit pacte ayant sévi du 23 août 1939 au 22 juin 1941. Je songe aux résistants de la vingt-cinquième heure qui ont attendu la victoire de Stalingrad, début 1943, puis les bruits de préparation d’un débarquement allié, avant de choisir leur camp, Mitterrand ou Marguerite Duras par exemple, quand ça n’est pas pour certains la vingt-sixième heure d’après le 6 juin 1944… Je songe également à Sartre & Beauvoir et à un certain nombre de leurs copains "créateur.trice.s, auteur.trice.s, artiste.tiste.s" de Saint-Germain-des-Prés qui s’engageront, certes, mais après le dernier coup de fusil tiré lors de la libération de...