VA T’EN SATAN !

/assets/images/upload/5962613294_a3481e1779_b.jpg

Un pauvre vieux curé normand qui disait la messe du matin avec trois ou quatre fidèles dans l’église de Saint-Etienne-Rouvray, le père Jacques Hamel, s’est fait égorger, on le sait, par un musulman qui a crié « Allahou akbar », autrement dit : « Dieu est grand ». Il faut bien qu’il ne soit pas si grand que ça, ce Dieu, pour justifier l’assassinat d’une personne qui croit elle aussi dans le Dieu Un.

Mais je trouve les derniers pauvres mots du curé emblématiques de notre époque. Il a dit : « Va-t’en Satan ! ». Or, invoquer Satan, c’est passer à côté du problème. Car, pas plus que Dieu, Satan n’existe, ce serait trop simple. Dieu qui fait le bien mais laisse faire le mal et Satan qui veut le mal et fait le mal, voilà une bien étrange lecture du monde qui ne nous laisse pas grand choix : le mal que Dieu laisse faire ou le mal que Satan fait.

Dans cette configuration, Satan s’avère plus puissant que Dieu puisqu’il peut le mal alors que Dieu ne peut pas même l’en empêcher ! Que Satan fasse la loi dans l’église au moment même où le prêtre célèbre la messe, voilà qui témoignerait plutôt pour l’inexistence de Dieu et l’existence de Satan. Cessons-là, Satan est une invocation de la pensée magique.

C’est pourtant cette pensée magique qui fait aussi la loi bien au-delà du cercle des croyants, agnostiques et athées compris. Car, faire du terroriste un barbare, c’est procéder de la même manière avec un nom qui fonctionne en grigri : grigri du mal. Le mot Satan empêche de penser ; celui de barbare aussi. Ca n’est pas parce que l’Etat dispose du monopole de la violence légale que sa violence qui tue des innocents avec des bombes n’est pas aussi une violence.

Le philosophe, du moins s’il a encore le...

Commentaires

Posez votre question

0 / 280

Toutes les archives

596 résultats

Sujets