UN DRAPEAU EN TROP
Giscard toujours à la barre
L’homme qui a tué le général de Gaulle en avril 1969 est mort du covid le 2 décembre 2020. Il avait quatre-vingt-quatorze ans et s’appelait Valéry Giscard d’Estaing.
Remontons un peu le temps…
«Mai 68» a surpris tout le monde, de Gaulle non compris. Ceux qui n’ont toujours rien saisi à ce qui s’est joué à cette époque ont intérêt à laisser croire que Mai fut une énigme pour tout le monde, dont le général. Certes, il ne comprend pas Mai 1968 en avril 1968, encore que! Il se demande fin mai ce que peut bien signifier, dans l’Histoire, le fait qu’un Daniel Cohn-Bendit puisse passer pour le meneur d’un mouvement qui veut … la mixité dans le dortoir des étudiants et envoyer dans l’eau de la piscine un membre du gouvernement venu à Nanterre inaugurer des infrastructures estudiantines haut-de-gamme destinées à ces enfants de la bourgeoisie qui s’ennuient! L’Histoire est souvent tragédie, elle se montre ici comédie. Avec de Gaulle, l’Histoire c’est Racine et Corneille joué par des sociétaires de l’Académie française; avec Cohn-Bendit, c’est Feydeau ou Labiche interprétés par Jean Lefebvre ou Christian Marin. De Gaulle pense sur les hauteurs car il n’ignore pas qu’en ces semaines de tectonique des plaques, il s’agit d’un problème de civilisation; Cohn-Bendit en fait une affaire d’adolescent rebelle et gouailleur contre les figures d’autorité… Entre d’autres termes: de Gaulle veut sauver la France du naufrage civilisationnel, Cohn-Bendit veut fumer des pétards et, pour l’heure, coucher avec des filles en open bar. Ce sont deux mondes. Le premier qui meurt, le second qui naît. Nous vivons dans le second.
Quand je dis presque sous forme de boutade que de Gaulle n’a pas compris Mai 68 en avril, encore que, il me faut dire ce que j’entends par là:...