PENSER LE VIRUS
Le plus notable dans la dernière intervention du Premier ministre flanqué de son ministre de la santé, d’une épidémiologiste et du croque-mort qui, pour ouvrir l’appétit du citoyen, chaque jour que le covid fait, donne le chiffre des décès quotidien au moment de l’apéritif, fut qu’elle a duré si longtemps! Plus de deux heures, un record français, et ce pour accoucher dans les forceps… de pas grand chose! Des broutilles, des détails, des bagatelles.
Certes, je ne mésestime pas le fait que les personnes âgées confinées dans les hospices vont pouvoir, sous condition, revoir un peu leur famille. Ni que les modalités d’enterrement vont se trouver aménagées. Tout ce qui augmente l’humanité, ou, du moins, tout ce qui entame l’inhumanité de la situation, est à saluer. Je salue donc.
Mais pourquoi diable ces deux ou trois informations ont-elles été noyées dans un flot de mots à faire craindre à la famille Castro de perdre le monopole du discours fleuve?
Parce que, d’un point de vue rhétorique, le poison était concentré dans les premières secondes dont le reste, comme un excipient, fut ce qui a permis de faire passer le venin. De la même manière que le gras du suppositoire autorise l’avancée donc l’efficacité du principe pharmacologique, cette logorrhée visait à faire oublier l’essentiel – qui fut pourtant dit, c’est tout le talent de ce Premier ministre bien plus habile que son supérieur hiérarchique…
Qu’est-ce que cet essentiel? Il a été formulé dans la première minute, dans les premières secondes même : «Notre vie à partir du 11 mai ne sera pas celle d’avant le confinement, pas avant longtemps». Dans cette séquence, il fallait surtout entendre pas avant longtemps. Autrement dit: le 11 mai est un enfumage, car c’est après que tout commence, du moins: ça continuera et pour un bout de...