Interview : Les sept piliers de la sagesse (juillet 2012)

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Interview réalisée par Patrick de Méritens pour Le Figaro, le 27 juillet 2012

Patrice de Méritens : Comment s’est opérée votre rencontre avec Epicure ?

Michel Onfray : Je l’ai rencontré en biais, par Lucrèce, avec Lucien Jerphagnon qui fut mon maître à l’université de Caen. Il donnait un cours sur De la nature des choses, qui décrit le monde selon les principes d’Epicure. Ce fut un réel coup de foudre. D’abord parce que le cours réunissait une poignée d’étudiants, probablement moins de dix, et qu’il donnait l’impression d’une réunion de disciples contemporains du maître. Lucien Jerphagnon avait un grand talent de tribune et l’on pouvait réellement croire qu’il était ce qu’il disait, à savoir, un sage antique, plutôt stoïcien,(plus tard, il serait plotinien, puis augustinien…) qui venait de déposer sa toge dans son bureau pour éviter d’attirer l’attention de ses collègues trop jaloux, un vêtement qu’il ne manquerait pas d’endosser à nouveau une fois sorti de la faculté… Je retenais que la philosophie pouvait être vécue, qu’elle pouvait n’être pas qu’une péroraison doctorale, qu’il ne servait à rien de lire et méditer un texte si on ne le vivait pas ensuite au quotidien.
Ce fut un coup de foudre pour une seconde raison car, formaté au christianisme depuis ma plus tendre enfance, j’étais écartelé entre ce qui me semblait alors une contradiction, mais qui s’est trouvée résolue dès les premières séances : comment un athée pouvait-il être moral ? Il ne m’était pas venu à l’idée –mais, si l’on me permet une excuse, je n’avais pas 20 ans – qu’on pouvait ne pas croire en Dieu et, en même temps, pratiquer le bien et rejeter le mal ! L’association de la morale à la religion chrétienne et celle de l’athéisme à l’immoralisme étaient des lieux communs. Lucrèce m’a permis de m’en défaire....

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