La preuve par le lit

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  Ce texte a été écrit le 1er novembre 2016, jour des morts, pour le cahier de L’Herne Bobin où il n’est pas paru. À l’époque, on me fit savoir que c’était une punition d’un ou deux qui avaient à me reprocher d’être un homme libre et de parler franchement. Son épouse Lydie Dattas me donne aujourd’hui une autre raison. Je ne veux garder que celle-ci : Christian Bobin ne pouvait accepter qu’un texte qui lui soit consacré parle de lui comme d’un saint. La première raison renvoie à la vilenie des hommes, qui est toujours certaine ; la seconde à la modestie d’un saint - je réitère.

   Voici ce texte aujourd’hui qu’il n’est plus ici-bas.

 

Il y a des poètes professeurs au Collège de France, des poètes agrégés et professeurs émérites, il y a des poètes titulaires de la légion d’honneur, des poètes honorés par l’Académie française, il y a des poètes nobélisables ou nobélisés, il y a des poètes de cour, des poètes institutionnels, des poètes courtisans, il y a des poètes aux ordres, des poètes maudits subventionnés, il y a des poètes amis de ceux qui n’aiment pas les poètes, il y a des poètes directeurs de revues, des poètes pléiadisés, radiodiffusés. Il y a aussi des poètes verbeux et obscurs, nébuleux et autistes, des poètes du sabir et du charabia, de l’amphigourique et du galimatias, il y a des poètes copieurs, des faussaires, des émules, des disciples, il y a des poètes pour le CNRS et pour Cerisy, pour l’IMEC et pour la Sorbonne, pour la cour du Palais des Papes ou le Palais de Tokyo, pour le CNL et l’intermittence du spectacle, des poètes en papier comme il y eut jadis des tigres en papier. Il y a des poètes pour thésards et pour...

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